Le racisme et l'antisémitisme

28 octobre 2009

Le racisme et l'antisémitisme

L'HOMME ne possède pas un droit à l'humanité. Il la représente. C'est cette parcelle d'humanité qui relie les hommes entre eux et inscrit l'universalité comme la caractéristique principale de ce lien. En effet, il existe une valeur humaine universelle, reconnue par ailleurs aujourd'hui par le droit international - à savoir que toute personne a le droit à la sécurité et à la dignité - du seul fait de son existence en tant qu'être humain. Il n'existe donc pas de droit d'être homme, mais bien un droit à ce que son humanité puisse être respectée. Ce droit se décline par de nombreux autres droits que sont le droit à la libre expression et à la libre conscience, le droit à la vie, à la libre circulation, le droit de ne pas être soumis à l'usage de la torture ou à de mauvais traitements.

Fondamentalisme, intégrisme, racisme sont des positions théoriques qui présupposent une doctrine. L'intolérance se situe en deçà de toute doctrine. En ce sens, l'intolérance a des racines biologiques, se manifestant chez les animaux sous forme de territorialité, et qui se fondent sur des réactions émotionnelles souvent superficielles. On n'aime pas ceux qui sont différents de nous, parce qu'ils ont une couleur différente de peau, parce qu'ils parlent une langue que nous ne comprenons pas, parce qu'ils mangent du porc, des chiens, de l'ail...

L'intolérance envers l'autre est naturelle chez l'enfant. C'est peu à peu que celui-ci va apprendre la tolérance, qui relève de l'éducation permanente des adultes. Dans la vie quotidienne, on est continuellement exposé au choc de la différence. On a beau expliquer les doctrines de la différence, on ne s'occupe pas assez de l'intolérance sauvage, parce qu'elle échappe à toute définition.

L'antisémitisme prétendument scientifique surgit au cours du XIXe siècle et ne devient anthropologie totalitaire et pratique industrielle du génocide qu'au XXe siècle.

L'intolérance la plus dangereuse est celle qui naît, en l'absence de toute doctrine, des pulsions élémentaires, et c'est pour cela qu'elle est difficile à individualiser et à réfuter à l'aide d'arguments rationnels. Ainsi, il suffit qu'on nous ait volé une valise dans l'aéroport d'un pays pour que nous soyons prêts à soutenir qu'il faut se méfier de tous les habitants de ce pays.

En fait, le racisme et l'antisémitisme ont leur source dans une disposition commune à tous les humains, celle d'imposer ses propres croyances, ses propres convictions, dès lors que chacun dispose à la fois du pouvoir d'imposer et de la croyance dans la légitimité de ce pouvoir. Ces discriminations servent des intérêts qui se croient menacés.

Par ailleurs, le propre de toute société humaine quelle que soit sa taille est de réduire la définition de l'humain aux membres du groupe, les autres étant des non-humains qu'il est possible de traiter comme tels.

Eduquer contre le racisme et l'antisémitisme, c'est donc faire accepter l'idée que les hommes ne sont pas définis simplement comme libres et égaux en droit mais que tous les humains sans exception sont des hommes définis.

En 1992, la France comptait plus de 2,2 millions de personnes mal logées, dont 400 000 sans-abris. Combien sont-ils aujourd'hui ? Le problème a une ampleur et des implications considérables, le bilan lui-même est difficile à établir. Les chiffres sont éloquents, tout comme les "affaires" qui font tristement l'actualité, tels les écroulements ou les incendies de logements insalubres. De nombreux témoignages nous poussent de nos jours à nous interroger sur le droit au logement. "Un droit fondamental bafoué", constatent certains ; de toute façon, un droit dont beaucoup n'ont plus la jouissance. Pourtant, "être mal logé" entraîne un ensemble de discriminations sociales et, au-delà, engendre des exclusions qui portent atteinte à tous les droits fondamentaux. Combien de demandeurs d'emploi se voient refuser une embauche parce qu'ils habitent un quartier populaire ? Fatima témoigne : "Avant, j'habitais à l'Ecusson. Depuis que j'habite un appartement HLM, je ne trouve plus de travail." Elle ajoute : "Sans doute parce que j'habite à la Paillade." Certes, un tel comportement est un délit, mais encore faut-il le prouver.

L'emploi, quant à lui, est un chapitre où le débat autour du racisme ne cesse d'alimenter les chroniques. Ibrahim est originaire du Sénégal. Il vit depuis quinze ans en France. "J'ai eu un diplôme en restauration. Je peux travailler comme serveur. Mais tout ce qu'on me propose, c'est de la plonge", déclare-t-il.